Dimanche 7 décembre. 9h30. Un beau soleil balaye mon jardin quand je me décide à partir jogger. Il fait frais, mais pas froid. "D'ailleurs, au soleil et en plein effort, j'aurai tôt fait d'être encombré par tout habit superflu", pense-je à quelques minutes de m'élancer pour la première fois depuis près d'un an. Je ne m'embarasse donc pas. Armé d'un pantacourt, de mon plus beau t-shirt et de mon bandeau fétiche (celui qui m'a fait rallier les 7,8 km de la course des Célestins de Marcoussis en moins de 50'), je décide de m'élancer de chez moi, et non de prendre la voiture pour rejoindre le lac de Carouge (également vulgairement appelé par certains lac de Brétigny). Bien évidement, pour une reprise, je n'envisage pas de parcourir les deux boucles qui entourent ledit lac une fois sur place. Rentrer à la maison sera déjà une motivation suffisante pour faire mieux que les 8 minutes de ma reprise en 2005 ou les 15 de l'an passé.
Il est donc un peu plus de 10h quand je m'élance, après avoir marché jusqu'en haut de ma rue (c'est en côte). La première partie, de la route, est assez plane avant de descendre assez gaiement. Arrivé en bas, je croise toutes sortes de yoggeurs, mais pas des comme moi, personne à qui s'identifier. Mais à bien les observer, j'apperçois au loin que beaucoup s'engouffrent ou sortent d'un chemin que je n'imaginais pas alors que je passais habituellement prestement avec mon véhicule. Arrivé à hauteur, j'imagine bien que le chemin mène au lac mais peu importe, je me tiens au plan initial et ferai le grand tour comme prévu. J'en profite d'ailleurs pour saluer mon voisin du dessus (enfin un peu plus haut dans la rue puisque c'est une rue en pente) que je croise quelques instants plus tard.
Mais arrivons-en aux faits. Quand je parviens aux abords du point d'eau tant convoité (là c'est du chemin), je n'ai pas faibli l'allure, non pas que je courre comme un lièvre, mais j'ai pris un rythme, à mon sens, digne des Célestins (mais pas sur près de 8 km tout de même). Je m'empêche de regarder ma montre car je sais que le chrono me mine à chaque fois moralement. J'ai toujours l'impression d'avoir couru plus longtemps. Il ne va d'ailleurs pas en être autrement. Car je vais faiblir l'allure. Le faux plat du tour de lac m'aurait-il été fatal ? Je ne pense pas. Mais je faiblis. Je regarde donc ma montre pour avoir quelques repères pour mes prochaines sorties. J'ai parcouru la moitié de la petite boucle (en plus de la route), je suis donc à la moitié de mon parcours, et cela fait 17 mn que je cours. Petite déception.
Mais j'ai encore des jambes. alors je me dis que je vais rentrer. Doucement certes, mais je vais rentrer. J'irai au bout. Malheureusement, une première difficulté arrive vite. Une petite bosse "casse-pattes" comme on dit dans le milieu. Mais je repars. Je me sens bien. Si, si. Je vais y arriver, ou tout du moins, je vais aller le plus loin possible. La boucle bouclée (pas mal celle là non ?!), j'apperçois une sortie de sous-bois que je devine être l'autre extremité du raccourci entrevu à l'aller. Je me décide à l'emprunter. Banco, en quelques secondes, j'atteints le bas de la côte retour. Oui, oui, la côte. Là, j'hésite. cette côte, c'est sûr, va m'achever. Ce n'est pas un raidillon non plus, mais elle fait 200 bons mètres. Or, à cet instant, je me sens de courir un peu plus. Faire un détour et courir plus longtemps ? Pas question. Je m'élance.
Et qu'elle fût longue cette rue, à remonter. Cette rue que je dois prendre en deuxième (vitesse) avec ma magnifique Clio de société nouvelle série (au capot non sérigraphié) mais que je grimpe tout de même allègrement en quelques secondes. Là, les mètres me semblent des kilomètres. Je ne vois pas le bout arriver, l'horizon reste l'horizon. Et mes jambes peinent à avancer. Je ne dois pas être beau à voir. Un V7*doit pouvoir faire mieux que ça. Mais je me suis fixé un nouvel objectif au moment d'attaquer la plus grosse difficulté de la journée : aller au bout... de la rue. J'y parviens finalement. Je stoppe le chrono : il affiche 27'40". Un record pour une rentrée. Enfin, pour moi, ces dernières années.
Je marche quelques centaines de mètres, jusqu'à ce que la rue ne monte plus, et finit en trottinant, histoire de faire un décrassage. Les étirements sont rapides. Il n'y aura pas tant de courbatures que je craignais. Plutôt un coup de barre. Une fringale à retardement peut-être. Peu importe. Je suis content de moi. Mais, maintenant, il s'agit de ne pas en rester là. Cette semaine, c'est promis, je remets ça.
*Un très vieux vétéran, je ne sais même pas si ça existe mais ça doit être vieux.